La ville de Bordeaux - L'époque contemporaine
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L'époque moderne
En 1585, Montaigne devient maire de Bordeaux. La ville s'apaise et trouve une nouvelle source de profit dans le commerce du pastel de Garonne.
Pendant les luttes de la Fronde entre la noblesse française et le Roi, les bourgeois bordelais forment la Conjuration de l'Ormée. Ce n'est qu'en 1653, après que le jeune Louis XIV eut fait son entrée dans la ville soumise par les armes, que Bordeaux acceptera enfin de faire partie du royaume de France.
Bordeaux connaît sa seconde apogée du milieu du XVIIe siècle jusqu'à la Révolution française. Cette prospérité provient à nouveau de son port. La ville commerce le vin, mais aussi le sucre colonial et les esclaves. Au même titre que Nantes, elle devient en effet un centre négrier et s'enrichit beaucoup grâce au commerce triangulaire. Les archevêques, les intendants et les gouverneurs installés par le Roi, embellissent la ville, assèchent les faubourgs marécageux et insalubres et aménagent les anciens remparts. Les intendants Tourny et Boucher feront, à moindre échelle, ce que fera 100 ans plus tard le Baron Haussmann à Paris. L'architecte Nicolas Portier construit, à la place des portes fortifiées de la vieille ville, des arcs de triomphe majestueux comme la Porte d'Aquitaine ( Place de la Victoire), la Porte Dijaux (Place Gambetta/ Rue Porte Dijaux), la Porte de la Monnaie (Quai de la Monnaie) ou encore la Porte de Bourgogne (Place Bir-Hakeim). La ville se dote également d'un Opéra construit par Victor Louis.
L'architecte de Louis XV, Ange-Jacques Gabriel, crée à la demande de Tourny le Jardin Public, voulu comme un espace vert et un haut lieu de promenade qui rencontre très vite la faveur des Bordelais. Gabriel construit aussi la vitrine de la ville : la place de la Bourse, magnifique ensemble XVIIIe de type versaillais, qui donne sur les quais. Elle sert dans un premier temps d'écrin à la statue équestre du roi Louis XV, statue fondue en 1792 et remplacée en 1869 par la fontaine des Trois Grâces, réalisée d'après des plans de Louis Visconti [1]. La ville deviendra une des capitales européennes des Lumières dont Montesquieu fut le précurseur.
Bordeaux va beaucoup souffrir pendant la Révolution, le Consulat et le premier Empire. En effet pendant ces trois périodes, la ville ne peut plus commercer via l'Atlantique. La ville songera alors à se révolter à l'appel des députés girondins, mais Jean-Lambert Tallien y fait régner la Terreur.
L'époque contemporaine
À partir de 1840, la ville redevient un grand port colonial et commerce à nouveau avec l’Afrique. À la fin du siècle, la ville s'industrialise avec des entreprises chimiques, métallurgiques, alimentaires et les huileries. Au même moment le phylloxéra touche le vignoble.
Le 7 mai 1841, la première ligne de chemin de fer est ouverte entre Bordeaux et la Teste. Les trains partent alors de la première gare de Bordeaux, la gare Bordeaux-Ségur située rive gauche. En 1852, la ligne entre Bordeaux et Angoulême est ouverte permettant de relier Bordeaux à Paris. Les trains à destination de la capitale partaient de la gare de Bordeaux-Orléans située rive droite.
En 1870, Léon Gambetta forme un gouvernement à Tours qui devra se replier à Bordeaux. Antoine Alfred Eugène Chanzy rejoint le gouvernement à Bordeaux où il prône la poursuite de la résistance.
Dans les années qui suivirent la guerre de 1870, le corps de Santé de la Marine va connaître une crise et un déclin de ses trois écoles. C'est en 1890 que le projet du Ministre Édouard Barbey fut adopté, projet prévoyant la création d'une École du Service de Santé pour la Marine puis d'une Faculté d'État et l'existence de trois annexes.
C’est à Bordeaux, le 5 novembre 1890, qu’est inaugurée l’École Principale du Service de Santé de la Marine et des Colonies dans un ancien asile d’aliénés. Elle a pour mission de former des médecins et des pharmaciens. L’emplacement de l’École devait être provisoire mais il devient définitif avec la construction d'un bâtiment sur le cours Saint-Jean et d’un autre sur la rue Ferbos.
Pendant la Première Guerre mondiale, Paris étant menacée par l’avancée des armées allemandes, le gouvernement français se replia vers Bordeaux. La ville connaîtra alors une certaine prospérité grâce aux usines d’armement. En 1917, la ville devient le point de passage des soldats des "États-Unis d'Amérique". Elle est aussi à cet instant la ville de l’Action Française et des ligues qui rendent le climat politique agité.
La Seconde Guerre mondiale, marque une nouvelle période de troubles pour Bordeaux. La ville devient en 1940, pour la troisième fois de son histoire, le siège du gouvernement. Le fait que Bordeaux ait été le siège du gouvernement lorsque la France était en danger lui a valu le surnom de "capitale tragique". En juin 1940, alors que le gouvernement français s’apprête à signer l'armistice, le consul du Portugal, Aristides de Sousa Mendes délivre près de 30 000 visas à des réfugiés fuyant l’avancée de l’armée allemande. La ville est ensuite occupée par les nazis avec des collaborateurs zélés comme le maire Adrien Marquet ou le préfet Maurice Papon. Le port de Bordeaux acquiert durant la guerre un rôle nouveau et majeur dans l’économie de guerre du Reich. Une base sous-marine bétonnée est construite et des cargos forcent le blocus britannique pour approvisionner l’Allemagne en matières premières (caoutchouc naturel notamment) venus d'Extrême-Orient. Le maire de Bordeaux, Adrien Marquet, s’engage dans la collaboration aux côtés de Marcel Déat avec lequel il avait fondé avant-guerre le parti des Néo-Socialistes, proches des idées fascistes. Après avoir quitté Périgueux et Agen le 19 août 1944 et Pau le 20, les Allemands quittent Bordeaux le 28 août 1944.